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Prêts pour la sobriété énergétique ?

Le Conseil de développement a été saisi par la présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en juin 2022 afin d’étudier l’acceptabilité des différentes mesures envisagées dans le cadre de la révision de son schéma directeur des énergies.

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Contexte

Saisine

Si elle veut être au rendez-vous de ses objectifs, l’Eurométropole a identifié 3 leviers principaux à mobiliser :

    • La sobriété énergétique qui vise à prioriser les besoins énergétiques essentiels dans la consommation individuelle et collective,
    • L’efficacité énergétique qui vise à réduire la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin essentiel,
    • Le développement des énergies renouvelables et de récupération pour remplacer progressivement les énergies fossiles.

L’EMS souhaite associer le CODEV à la révision de son SDE et lui confie en juin 2022, trois missions :

    • s’interroger sur les conditions acceptables permettant de réduire les consommations énergétiques sur notre territoire dans une perspective d’efficacité et de sobriété énergétique,
    • stimuler l’engagement citoyen pour réduire la consommation énergétique,
    • apprécier les avantages, les inconvénients et l’acceptabilité sociale des différents choix énergétiques possibles pour la production locale et la distribution énergétique du point de vue des citoyens de la métropole. 

Méthodo

Dès l’automne 2022, le CODEV élabore une réponse citoyenne aux enjeux d’acceptabilité soulevés par la révision du SDE à travers des auditions d’experts, des visites de sites de production d’énergie et la consultation de ressources diverses.

Il a, en outre, recueilli l’avis des métropolitains en organisant et animant un dialogue citoyen à l’occasion de divers événements :

    • Un débat public le 8 novembre 2022 à l’Aubette (Strasbourg), réunissant plus de 170 personnes, centré sur les enjeux de sobriété énergétique.
    • Une consultation numérique axée sur la sobriété individuelle et collective d’octobre à décembre 2022, permettant de recueillir plus de 1100 propositions et 335 000 votes.
    • Quatre ateliers-citoyens thématiques dans les communes de Schiltigheim, Ostwald, Eschau et Lampertheim sur les enjeux des énergies renouvelables et de la rénovation thermique des bâtiments.
    • Un temps de restitution des conclusions du Conseil de développement le 14 juin 2023 à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES), permettant un dernier échange entre le Conseil de développement et toutes les personnes ayant participé aux différents temps de consultation, avant la remise officielle du rapport à la Présidente de l’EMS.

Préconisations

Nous avons fait 34 préconisations dont voici une synthèse.

  • Une sobriété énergétique indispensable :

Tout d’abord, revoir globalement nos mobilités. Les citoyens sont prêts à renoncer à la voiture mais sous réserve que l’offre de transports en commun soit importante et variée, adaptée aux horaires de travail des usagers, de proximité pour chaque habitant y compris dans les communes de deuxième couronne et à des tarifs compétitifs. Parallèlement, la politique en faveur du vélo doit être volontariste en facilitant les interconnexions avec les autres modes de déplacement.

Ensuite, accompagner les démarches de sobriété de l’ensemble des citoyens en les aidant à prendre conscience de leur impact carbone avant de les guider vers des pratiques plus sobres.

Enfin, réduire l’utilisation de l’énergie pour l’éclairage public et commercial et harmoniser les pratiques sur l’ensemble du territoire eurométropolitain.

  • Une meilleure efficacité énergétique :

Concernant l’efficacité énergétique, nous nous sommes concentrés sur la rénovation thermique du bâti résidentiel et tertiaire qui représente plus de la moitié de la consommation énergétique du territoire.

Sur ce sujet, les enjeux sont multiples : environnemental pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, social pour réduire la précarité énergétique, financier pour diminuer la facture énergétique des occupants et enfin de confort thermique.

Les freins sont aussi nombreux : financier au vu du coût de la rénovation, administratif dans le méandre des aides diverses, de confiance envers les professionnels du secteur, procédural pour les copropriétés, économique au regard du nombre d’emplois à venir et/ou non pourvus dans le secteur et enfin liés aux règles d’urbanisme.

Nos préconisations visent à répondre au mieux à ces divers enjeux et freins. Tout d’abord à travers une communication et une information massive sur les dispositifs susceptibles d’accompagner les propriétaires. Ensuite en renforçant les contrôles de qualification et les procédures de labellisation des professionnels du secteur, tout en structurant la filière locale. Enfin en limitant le reste à charge et l’avance de frais pour les propriétaires.

  • Le développement de nouvelles sources d’énergie :

Lors de nos travaux sur les choix de production et de distribution énergétiques sur le territoire, il est évident que le futur mix énergétique devra intégrer le plus grand nombre d’énergies renouvelables sans en exclure aucune.

Globalement, l’Eurométropole devra être pédagogue et développer une communication fiable sur ses choix, quels qu’ils soient.

Elle devra également renforcer les moyens humains de l’Agence du climat, outil majeur dans l’accompagnement des citoyens et contribuer à la réduction des restes à charge des frais engagés par les particuliers pour passer à des systèmes vertueux.

Les citoyens s’attendent à ce que la collectivité soit exemplaire dans la transition énergétique de ses propres bâtiments et équipements.

Et plus spécifiquement, sur les diverses sources locales d’énergie renouvelable :

          • La part de l’énergie solaire doit être renforcée à travers une facilitation des installations individuelles et collectives en privilégiant les surfaces déjà minéralisées et en concertation avec le voisinage.
          • Le biogaz doit se développer en utilisant les ressources disponibles localement, tant à partir des biodéchets des ménages que des déchets agricoles ou produits par les industries agro-alimentaires.
          • Le bois-énergie est une énergie renouvelable si la forêt est gérée de façon durable.
          • L’hydroélectricité représente déjà la quasi-totalité de la production électrique d’énergie renouvelable de l’Eurométropole et ne pose aucun problème d’acceptabilité.
          • Le fossé rhénan présente une géologie particulièrement favorable au développement de la géothermie haute température, c’est pourquoi nous ne l’écartons pas sous réserve d’apporter aux citoyens la garantie d’une réduction drastique du risque sismique.

Cela passe impérativement par une communication indépendante claire et concise de la part des acteurs publics, une réelle transparence et un renforcement des règles de précaution et d’encadrement des opérateurs.

Concernant la distribution d’énergie, les réseaux de chaleur nous semblent être une solution intéressante dans les zones urbaines de forte densité en exploitant au mieux le potentiel de récupération de la chaleur fatale émanant des entreprises et des datas-centers disponible sur le territoire.

En conclusion, le Conseil de développement souligne l’importance des choix individuels et collectifs en matière de sobriété et d’efficacité énergétique.

Si nous partageons l’exigence d’exemplarité des acteurs publics et privés qui ressort de sa démarche de consultation, nous souhaitons alerter les citoyens de l’Eurométropole sur le rôle de chacun pour contribuer et prendre sa part dans la réussite de la transition énergétique.

Nous pensons par ailleurs que les citoyens doivent changer leur regard sur les énergies renouvelables.

Si nous nous opposons à leur développement au motif que cela implique un changement de nos habitudes de vie et/ou de leur environnement, nous resterons tributaires d’énergies fossiles importées, émettrices de gaz à effets de serre et sujettes aux fluctuations géopolitiques.

Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter la production d’énergies renouvelables locales malgré leurs inconvénients ou risques contrôlés pour sortir des énergies fossiles, promouvoir l’autonomie énergétique locale et créer des emplois.

Aujourd’hui, nous savons que le potentiel énergétique du territoire issus des sources d’énergies renouvelables disponibles ne suffira pas à couvrir l’ensemble de nos besoins si nous ne nous engageons pas simultanément dans des mesures drastiques de sobriété et d’efficacité énergétiques.

C’est l’enjeu de nos générations qui engage l’avenir des générations futures.

Suivi de l’avis :

Depuis la remise du rapport, deux membres de notre Conseil participent régulièrement aux réunions du Comité territorial de la transition énergétique. C’était un signe que nous allions pouvoir continuer à porter la parole citoyenne dans l’élaboration du nouveau schéma directeur des énergies.
En Janvier 2024, les services de l’Eurométropole nous ont présenté le scénario prochainement soumis aux élus. Nous avons également pris connaissance des suites données à nos 37 préconisations.
Au final, 53% ont été pleinement intégrées, 20% ont été partiellement intégrées et seulement 27% n’ont pas été prises en compte pour l’instant.
Un réel motif de satisfaction pour les citoyens que nous sommes et pour tous ceux qui ont participé à nos diverses consultations et ateliers.