Prêts à préserver la ressource en eau ?
La Présidente de l’Eurométropole a saisi le Conseil de développement en septembre 2023 pour lui demander de répondre aux questions suivantes : « Comment accompagner le territoire dans la prise de conscience des enjeux liés à l’eau ? » et « Comment favoriser la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire pour préserver durablement la ressource eau ? ».
Contexte
Nous trouvons normal d’avoir toujours de l’eau potable lorsque nous ouvrons le robinet. Et comme nous vivons sur la plus vaste nappe phréatique d’Europe, nous nous pensons à l’abri.
Jusqu’à il y a assez peu de temps, nous n’étions pas vraiment sensibilisés à la préservation de cette ressource vitale.
Pourtant, les périodes de sécheresse au cours de l’été avec des coupures d’eau sur certains territoires commencent à nous faire prendre conscience que la source pourrait un jour, se tarir. La multiplication des incidents de pollution de l’eau potable ou de la nappe nous alerte aussi.
Saisine
La Présidente de l’Eurométropole a saisi le Conseil de développement en date du 29 septembre 2023 nous invitant à répondre à deux questions :
- Comment accompagner le territoire dans la prise de conscience des enjeux liés à l’eau ?
- Comment favoriser la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire pour préserver la ressource eau ?
Sachant que les grands enjeux de préservation de la ressource s’expriment :
- En termes de quantité: pour couvrir les besoins vitaux de la population, ceux liés aux activités économiques (industrie, artisanat, agriculture…) mais également les besoins propres aux écosystèmes.
- En termes de qualité: avec des enjeux sanitaires pour les humains et de préservation des milieux naturels et de la biodiversité, liés aux différentes pollutions organiques ou chimiques.
Ces enjeux s’inscrivent dans le contexte global du dérèglement climatique : l’eau est indispensable pour renforcer la résilience du territoire tout en étant menacée par ce dérèglement climatique.
Ainsi, la saisine invite à « réinterroger globalement nos usages de l’eau » pour garantir « durablement la disponibilité de la ressource en quantité mais également en qualité ».
Méthodo
Près de soixante membres répartis dans trois commission thématiques (Eau, Aménagement-cadre de vie et Économie Attractivité) se sont mobilisés.
Nous avons sollicité et interviewé des experts et tous les acteurs du territoire qui impactent la ressource en quantité et/ou en qualité, car chaque acteur est également citoyen et peut contribuer individuellement ou collectivement à répondre aux enjeux de la préservation de la ressource.
Pour mesurer le niveau de prise de conscience des enjeux liés à la ressource Eau en général et envisager quelles actions seraient susceptibles d’entrainer un salutaire changement de pratiques, nous avons organisé nos travaux autour de trois questions majeures :
- Quelle est l’importance de la ressource en eau pour satisfaire nos différents besoins ?
- Quels sont les risques identifiés qui ne nous permettraient pas de couvrir nos besoins vitaux en eau et de maintenir nos activités économiques ?
- Comment garantir la préservation quantitative et qualitative de la ressource et la satisfaction de nos besoins à moyen et long terme ?
Préconisations
Nous avons fait 30 préconisations dont voici une synthèse.
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Sensibiliser et communiquer
Bien que des actions de communication soient déjà menées, il nous semble indispensable de les renforcer.
Il est notamment important de développer une stratégie de communication grand public pérenne aussi bien sur les enjeux de qualité que de quantité pour la préservation de l’eau sur le territoire, en faisant mieux connaitre et en valorisant les initiatives de tous les acteurs du territoire déjà engagés en faveur de la préservation de l’eau.
Pour faire prendre conscience à chacun de son impact sur la ressource eau, il serait pertinent de permettre à tout utilisateur de connaitre avec précision sa propre consommation d’eau mais aussi celle incorporée dans la fabrication de nos produits de consommation courante (eau non visible).
Un pas important pour la préservation de la ressource serait sûrement de promouvoir la réutilisation des « eaux impropres à la consommation humaine » et des eaux pluviales dans les logements, les bâtiments publics et locaux d’entreprises, comme dans les espaces extérieurs publics ou privés. Le pendant serait de mieux communiquer sur les dispositifs d’aides existants pour l’installation de tels équipements.
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Mobiliser et agir
Sur ces enjeux, tous les acteurs sont concernés et doivent s’impliquer.
Pour permettre à l’Eurométropole d’agir efficacement, il nous semble nécessaire qu’elle se dote d’un Schéma Directeur de l’Eau afin d’assurer le pilotage global des actions et des acteurs engagés dans la thématique Eau. La question de la tarification de l’eau se posera immanquablement sans doute en allant vers une meilleure équité dans le partage du coût de l’eau.
Pour les acteurs de l’Aménagement, de l’Urbanisme, de la Construction et de l’Habitat, l’Eurométropole doit faire de son Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) l’outil privilégié pour renforcer la réglementation en faveur de l’infiltration des eaux pluviales et de la végétalisation, pour limiter, voire interdire, l’artificialisation et l’imperméabilisation des zones humides, pour sanctuariser les espaces naturels et boisés protégés afin de garantir la continuité écologique (trame verte). Tous les acteurs de ce secteur doivent être formés aux pratiques professionnelles vertueuses.
Concernant les industriels, l’Eurométropole doit soutenir les nombreuses actions vertueuses engagées par et à destination des industriels et renforcer les moyens alloués aux structures en charge de cet accompagnement.
Pour les artisans, la préservation de la qualité de l’eau passera par l’utilisation de produits moins polluants et le partage de bonnes pratiques, mais également par la mise en place d’ateliers d’accompagnement les préparant à s’adapter aux nouvelles exigences. Le changement de pratique nécessite l’intégration de la question environnementale et des enjeux de préservation de la ressource en eau dans les programmes de formation professionnelle.
Pour les agriculteurs, l’Eurométropole doit encourager les cultures économes en eau adaptées au climat et garantir les débouchés. Une autre préconisation est de persévérer dans leur sensibilisation au paiement pour services environnementaux afin d’entraîner plus d’exploitants dans la transition vers l’agroécologie.
En conclusion…
Comme pour toute ressource, la meilleure eau est celle que nous ne consommons pas.
Et comme pour toute ressource épuisable, sa préservation est un enjeu majeur pour notre génération et pour celles à venir.
Si notre région est privilégiée par la présence d’une nappe phréatique apparemment inépuisable, la question de la qualité de l’eau est un enjeu tout aussi majeur en matière de santé publique.
Il convient donc, collectivement mais aussi individuellement, de l’économiser en quantité et de la protéger en qualité pour couvrir nos besoins vitaux présents et futurs, y compris pour assurer la protection et donc la préservation de notre environnement naturel.
Nous devons impérativement nous réinterroger sur nos pratiques de consommation individuelles et sur nos process industriels, artisanaux et agricoles.
Il nous semble tout aussi important de ne pas sacrifier les engagements pris antérieurement pour la préservation et la protection de la ressource au profit d’intérêts sectoriels, renonçant ainsi aux enjeux essentiels de santé publique.
Pour poursuivre nos travaux, nous proposons d’engager le débat avec la population et avec tous les acteurs auxquels s’adressent nos diverses préconisations.