Quelle dimension transfrontalière pour notre territoire ?
Nous vivons dans l’Eurométropole mais quelle est réellement cette dimension transfrontalière pour notre territoire ? C’est la question posée par Jacques BIGOT, notre président, pour ouvrir le séminaire que nous avons organisé le 10 avril.
Au cours du séminaire organisé le 10 avril 2024, Jeanne Barseghian, maire de Ville et Eurométropole de Strasbourg et actuelle Présidente de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau , reconnait que les imbrications transfrontalières sont permanentes et plus fortes que ne pourraient le laisser croire les limites administratives.
Mais le niveau local n’est que la plus petite des multiples échelles qui impactent notre transfrontalité. Nous avons donc une « obligation » morale d’utiliser cette pratique dans un rôle de plaidoyer auprès de toutes les instances nationales et européennes pour faire bouger les règles afin de faciliter notre vie quotidienne.
Notre collègue David Guembel pratique le saute-frontière au quotidien avec sa famille bi-nationale, qui vit et travaille des deux côtés du Rhin.
Et pour la vie de tous les jours, il constate que tout n’est pas forcément simple. Ainsi, il ne peut payer sa crèche française avec un compte bancaire allemand. Ou ne peut présenter ses papiers d’identité allemands pour s’inscrire sur France Connect.
« La situation actuelle est très insatisfaisante. Et au niveau personnel, les connaissances linguistiques et les moyens financiers sont les seuls moyens d’influence importants. »
Agathe Binnert et Nelly Keuerleber de la Maison de l’emploi de Strasbourg ont présenté les actions entreprises pour faciliter la mobilité en considérant le marché de l’emploi à 360°. Plus de 8300 français travaillent dans l’Ortenau où le taux de chômage est de 3,7% (quasiment le plein emploi) contre 7,4% sur Strasbourg.
Fiona Härtel, directrice du développement de la ville de Kehl, pointe le problème de la langue pour faciliter les échanges transfrontaliers. Elle soulève aussi la complexité des démarches administratives pour les entrepreneurs allemands qui veulent intervenir en France. Sans parler des normes et des règles contractuelles !
SCHIBER Jean-Baptiste de la direction des Mobilités de l’Eurométropole a souligné les difficultés à mettre en place une offre de transport et de mobilité transfrontalière. L’extension de la ligne D du tram vers Kehl relevait d’une réelle complexité technologique. Et même si c’est la ligne la plus fréquentée du réseau, elle n’a pas encore réduit l’usage de la voiture qui représente encore 74% des déplacements quotidiens entre les deux rives du Rhin.
Ce séminaire fut riche en informations mais aussi en interrogations pour notre assemblée citoyenne.
Pour sûr, il ne restera pas sans suite, notamment pour que collectivement, nous puissions tirer les enseignements de la fermeture brutale de la frontière lors de la pandémie de Covid pour un territoire qui avait oublié que sous les ponts passe une frontière.